11H00 Disco Afrika

Une fiction de Luck Razanajaona, 2024, Madagascar, 80’ malgache sous-titré en français, couleur, une production : WE Film


Madagascar, aujourd’hui. Kwame, 20 ans, tente de gagner sa vie dans les mines clandestines de saphir. Suite à un événement inattendu, il doit rejoindre sa ville natale où il retrouve sa mère, d’anciens amis, mais aussi la corruption qui gangrène son pays. Ballotté par des sentiments contraires, il va devoir choisir entre argent facile et fraternité,
individualisme et éveil à une conscience politique (Présentation du producteur). 

Le film sera suivi d’une conversation avec son réalisateur, Luck Razanajaona

Le film sera suivi d’une conversation avec son réalisateur, Luck Razanajaona

15H00 Amazonas, o maior rio do mundo

Documentaire de Silvino Santos, Brésil, 1918-1920, 107’, film muet, noir et blanc, une production de Amazônia Cine-Film.


Volé au début des années 1920, juste avant sa sortie au Brésil, le film attendra un siècle pour être projeté à la Cinémathèque de Sao Paulo. Retrouvé sur les étagères des Archives nationales du film à Prague, ce long métrage, considéré comme le plus ancien disque cinématographique tourné en Amazonie, est un voyage de découverte des ressources naturelles et agricoles (l’extraction du latex, la pêche au lamantin et d’autres poissons, la collecte et la transformation des fruits à coque, de la canne à sucre, du cacao et du coton…), comme des populations riveraines de l’Amazone (Les peuples autochtones, tels que les Parintintins, avec leurs coutumes et leurs rites : inscriptions et dessins sur les rochers de rivière, l’utilisation du manioc comme nourriture importante, l’artisanat aux gourdes et la fabrication de filets, la célébration des femmes dans ces communautés). Un document d’archives exceptionnel qui donne à réfléchir sur le destin actuel de ce fleuve et de ses populations autochtones. Considéré comme d’une « immense valeur artistique » par le journal Le Monde, et comme le « Saint Graal du cinéma muet brésilien » par le journal The Guardian (Cinemateca Brasileira) (Présentation du producteur).

Ciné-concert avec Ernest Freindorf, synthétiseur, Rita Macêdo, accordéon, voix, et Fawzi Berger, percussions.

LE RYTHME C’EST LE FLEUVE

(réflexions pour la musique d’un « river movie »)
 

L’étymologie – qui ne dit pas LA vérité, mais une origine – nous renseigne : rhuthmos, en grec ancien, c’est le fleuve. Pour la pensée académique commune (dictionnaires, encyclopédies, traités spécialisés dans de nombreuses langues), le rythme c’est la mer : le sac et le ressac, la répétition, la succession régulière de temps forts et de temps faibles, la périodicité, avec comme exemples la respiration, et on en revient toujours à la mer, c’est poétique, la mer qu’on voit danser le long des golfes clairs, la danse, donc, mesurée : que de littérateurs, voire de scientifiques, ont brodé sur ce thème ! Henri Meschonnic, revenant à l’étymologie, à Héraclite puis à Aristote, fait la critique de cette notion traditionnelle (cliché) du rythme comme périodicité, qui s’étendit à toutes les activités, en l’appliquant à la parole, au langage, au discours, démontrant que le rythme est toujours ce qui fait sens, d’abord, dans le discours (au sens Benveniste) : l’organisation générale de ce qui est mouvant. Contre la linguistique des mots, de la langue. « Le sens est ce qui compte en dernier dans la compréhension d’un discours ». Cherchez le rythme ! On peut, alors, en retour, étendre cette critique, d’une certaine manière, à la théorie traditionnelle de la musique : on sait que certains musiciens et musicologues remettent en cause la pertinence exclusive de la récurrence et de la régularité dans la définition du rythme musical, comme le montrent un certain nombre de musiques dites ethniques à travers le monde, et certaines musiques rurales européennes.
Suivre musicalement la descente d’un fleuve – qui coule, lui, contrairement à la mer – est donc un exercice de style et de métaphorisme artistique particulièrement ardu, plein d’aventures, comme le fleuve en proie à de nombreux accidents, dans son long cours pas toujours tranquille et uniforme. 
C’est en raison de ces difficultés que j’ai choisi un très très jeune musicien (17 ans), impatient d’aventure, chargé d’ inventer en direct devant vous, avec son synthétiseur, en suivant les images avec vous, son propre flux – en jouant de séquences préparées -, qu’il devra poser sur le mouvant des images et de ce qu’elles montrent. Lui donnant seulement, comme fil directeur, cette étymologie du rythme/fleuve, quelques phrases de Meschonnic, et, comme piste, ce mélange du bruit de fond du fleuve comme bourdon irrégulier (contradiction dans les termes) et de tous les accidents sonores dûs à la nature ou à la vie et au travail des hommes, riche spectacle.
Enfin, autre piste dans la première, essentielle pour nous, faire entendre la présence invisible des peuples autochtones, se cachant des blancs et les observant en secret et en silence, mais laissant parfois entendre, de loin, leurs chants et leur musique, leit-motifs revenant irrégulièrement tout le long du fleuve musical. Partipris ethnologique, artistique, éthique et politique qui rejoint absolument, illustre et met en valeur, de façon originale et performative (sans vouloir être pédant), le propos de notre festival. En 1997, répondant au slogan à la mode UN autre monde est possible, nous écrivions pour le Forom des Langues du Monde que, pour notre part, nous ne voulions surtout pas de ce monde UN, hélas possible, et qui nous guette, et que d’autres mondes étaient possibles – ce que dirent aussi des amérindiens du Mexique -, mais ajoutant que d’ailleurs ces autres mondes étaient déjà là sous nos yeux si nous les regardions, les écoutions et essayions de les comprendre (efforts du Forom et de PMC) et, si chez nous, nous faisions ce qu’il fallait pour ré-inventer nos propres autres mondes forcément respectueux des leurs, première chose qu’ils attendent de nous. Claude Sicre.

D’accord sur l’idée de périodicité et de régularité d’évènements qui apparaissent afin de créer un rythme. Peut-être l’occasion de dire que le rythme n’est pas obligatoirement métronomique. La régularité n’est pas automatique. Les modernes croient que seules les musiques métronomiques, créées par les machines, sont sérieuses. Il peut exister une certaine élasticité de longueur dans les intervalles qui sont créés entre des événements qui se répètent (même pour les danses). A noter que ces intervalles créés peuvent être composés de silences, de résonances et/ ou de diminutions ou augmentation du son. Xavier Vidal.

21H00 Nouveau Tour du Monde des musiques-surprises

Claude Sicre, 2025, durée 80′, nombreuses langues rarement sous-titrées mais pas trop besoin, couleur, production Escambiar.

La projection sera suivie d’une conversation avec Claude Sicre.