15H00

Métal Pacifique, la mélodie de l’enfer au paradis

Un film de Tevai MAIAU et Marion BOIS, Polynésie française, 2024, 53‘, en français, couleur, une production : Focusfocus productions et bigouane Prods.

Le film raconte le Métal polynésien, une scène musicale singulière où se rencontrent les guitares saturées et les traditions sacrées du Pacifique et qui a émergé au début des années 1990 avant de revenir en crescendo dans les années 2010. Le « métal polynésien » est devenu une forme d’expression identitaire à part entière : les textes sont écrits en reo Tahiti, la musique s’est nourrie des rythmes traditionnels, des chants sacrés et des danses guerrières et des instruments traditionnels et semble inspirée par le mana, l’énergie spirituelle au coeur des cultures polynésiennes. Ce film porte une réflexion profonde sur l’identité et la transmission. Le Métal, dans ce contexte, devient un canal d’expression pour une jeunesse tiraillée entre modernité et racines, entre colère et apaisement, entre hurlement et harmonie (Présentation du producteur).

Le film sera suivi d’une conversation avec la co-réalisatrice, Marion Bois et Tom Boissier

Un double, voire triple ou quadruple défi pour nous, et donc un risque, unique mais important : qu’il n’y ait personne dans la salle. Les défis : amener le public habituel de PMC, curieux des musiques communautaires des peuples du monde, à regarder ce film, qui « traite de la naissance d’un courant de musique folklorique propre à cet archipel du Pacifique où, peu à peu, des musiciens se sont appropriés les caractéristiques de la musique Metal et y ont intégré les éléments qui font de leur culture une culture unique: Instruments locaux, langue, thématiques, mana (énergie spirituelle), légendes païennes, … », comme nous dit la présentation du producteur ; autre défi, amener des fans de la musique Métal à un festival consacré aux musiques des peuples du monde et à participer à la conversation où certainement vont tomber des clichés : celui de l’opposition, souvent factice, entre musiques des îles « paradisiaques » et celles de l’enfer des villes industrielles, celui de la « tradition » (cette musique des îles paradisiaques est souvent très récente, coloniale, et cache aussi souvent des forces musicales autochtones : voir certaines séquences de notre Nouveau Tour du Monde, ici programmé deux fois), et de pires encore. Ce film, léger mais bien fait, pose, mine de rien, des questions essentielles sur les sociétés « françaises » (celle du continent et celles des îles lointaines) que SEULES la musique et la musicologie posent, et que ne peuvent éclairer en rien, livrées à ellesmêmes, ni l’ethnologie générale, ni la philosophie, ni la sociologie ni les diverses politologies. On verra bien. (C.S.)

18H Les Sirènes nagent à contre-courant

Un film de Sarah Benillouche, Espagne,
2024, 40’, espagnol soustitré
en français, couleur, une production : Sarah Benillouche.

La Petenera est le nom d’un chant qui a voyagé entre l’Andalousie et le Mexique sur le bateau des Conquistadores. Un chant dont l’origine séfarade, mexicaine, flamenco, demeure mystérieuse (…). Un chant que les gitans ne veulent pas chanter, car on dit qu’il ensorcelle. En Andalousie, La Petenera, c’est le nom d’une Femme Fatale, la perdition des hommes. Au Mexique, elle se transforme en Sirène, pour s’être baignée un Vendredi Saint. Ici et là, son chant est dangereux (…).
« Dans ce second film – à travers le chant de la Petenera-Sirène, toujours très présent dans le son jarocho, la musique traditionnelle de la région de Veracruz – je tente d’explorer, comment l’imaginaire intime et collectif continue d’être hanté par la figure de la Femme Tentatrice. Dangereuse parce que refusant d’occuper la place traditionnellement assignée à la Femme ? » (Présentation de la réalisatrice).

Le film sera suivi d’une rencontre avec la réalisatrice, Sarah Bennilouche, et de membres de la communauté mexiciane installés à Toulouse et sa région.

Dangiang Karinding : chronique d’une renaissance musicale et communautaire

20H30 Karinding Attack, live on Gunung Karimbi

Un film de Vincent Moon, 2012,19’35’’, en langue indonésienne, couleur, une production : Vincent Moon et Aniza Santo.

En 2012, le groupe Karinding Attack choisit les pentes sacrées du Gunung Karimbi pour y déployer une performance hors du commun, où le geste musical se confond avec l’expérience spirituelle du lieu. La musique de Karinding Attack puise dans la tradition sonore sundanaise (karinding, celempung, suling, goong tiup) tout en étant portée par des musiciens issus de la scène death métal de Bandung, marqués par l’esthétique sombre et puissante de Man Jasad. Les voix et instruments de Man Jasad, Wisnu Jawis, Ki Amenk, Kimung, Hendra Attack, Papay, Okid, Yuki et Ekek se croisent et se superposent, créant un « tissu sonore inédit. Il en résulte une esthétique hybride, où la pulsation et l’énergie du metal se fondent dans la profondeur des timbres et des instruments traditionnels. (Présentation de Lionel Arnaud)

Dangiang Karinding, the movie
Un film documentaire de Ghaitza, 2025,19’, en langue indonésienne, soustitré en français, couleur.

Le karinding est l’un des plus anciens instruments de la culture sundanaise (Java Ouest). Il remplissait des fonctions multiples : instrument spirituel intime, support de savoirs liés à la gestion de la nature, compagnon indissociable de la culture agricole, attribut royal ou encore objet sonore du quotidien pour le peuple sundanais. L’industrialisation et la modernisation de l’Indonésie, combinées à la marginalisation du karinding par le régime dictatorial de l’Ordre Nouveau, ont entraîné un net recul de sa pratique. Après la chute du général Suharto à la fin des années 1990, des communautés musicales issues de la scène underground de Java Ouest se sont mobilisées pour faire renaître le karinding. Animées par un esprit d’indépendance et une culture de l’autonomie, elles ont redonné au karinding sa place dans la vie quotidienne et l’ont érigé en marqueur d’identité alternative pour la jeunesse. Depuis 2018, le collectif Pangauban Karinding s’appuie sur une éthique DIY devenue un savoir-faire collectif pour conjuguer l’énergie de l’underground avec un dialogue stratégique auprès des autorités, et promouvoir l’instrument sous toutes ses formes : traditionnelles, populaires et contemporaines. Le film Dangiang Karinding, The Movie retrace cette aventure : un récit où conscience culturelle, indépendance et autonomisation communautaire apparaissent comme les leviers essentiels permettant à une culture marginalisée de retrouver toute sa place dans la société contemporaine (Présentation du producteur).

Les films seront suivis d’une rencontre avec Lionel Arnaud,